Il planta sa torche dans la terre et se remit à l'oeuvre.
" r9 B# p( q+ Z# `. M En un instant, un emplacement de trois pieds de long sur deux pieds de large à peu près fut déblayé, et Dantès put reconna?tre un coffre de bois de chêne cerclé de fer ciselé. Au milieu du couvercle resplendissaient, sur une plaque d'argent que la terre n'avait pu ternir, les armes de la famille Spada, c’est-à- dire une épée posée en pal sur un écusson ovale, comme sont les écussons italiens, et surmonté d'un chapeau de cardinal.
& L0 _( j9 l. f2 x4 N: r. ? Dantès les reconnut facilement : l'abbé Faria les lui avait tant de fois dessinées !" t2 G0 z% [3 _) g: r2 P$ }! p
Dès lors, il n'y avait plus de doute, le trésor était bien là ; on n'e?t pas pris tant de précautions pour remettre à cette place un coffre vide.! Q+ K2 B+ I/ K! [
En un instant, tous les alentours du coffre furent déblayés, et Dantès vit tour à tour appara?tre la serrure du milieu, placée entre deux cadenas, et les anses des faces latérales ; tout cela était ciselé comme on ciselait à cette époque, où l'art rendait précieux les plus vils métaux.$ E. k7 {* O4 M3 Z7 V$ x) P
Dantès prit le coffre par les anses et essaya de le soulever : c'était chose impossible.+ v; R0 U7 w, y
Dantès essaya de l'ouvrir : serrure et cadenas étaient fermés ; les fidèles gardiens semblaient ne pas vouloir rendre leur trésor.) h# |8 ]& z& M2 j6 l7 x& d& |
Dantès introduisit le c?té tranchant de sa pioche entre le coffre et le couvercle, pesa sur le manche de la pioche, et le couvercle, après avoir crié, éclata. Une large ouverture des ais rendit les ferrures inutiles, elles tombèrent à leur tour, serrant encore de leurs ongles tenaces les planches entamées par leur chute, et le coffre fut découvert.. y- z* B p9 g; w: U
Une fièvre vertigineuse s'empara de Dantès ; il saisit son fusil, l'arma et le pla?a près de lui. D'abord il ferma les yeux, comme font les enfants, pour apercevoir, dans la nuit étincelante de leur imagination, plus d'étoiles qu'ils n'en peuvent compter dans un ciel encore éclairé, puis il les rouvrit et demeura ébloui.
, U8 r+ @- n/ e* m9 R5 S Trois compartiments scindaient le coffre.
% b; {$ q2 [+ B% }- p+ V Dans le premier brillaient de rutilants écus d'or aux fauves reflets.
5 a. O7 \( o% v) s" t+ j. O Dans le second, des lingots mal polis et rangés en bon ordre, mais qui n'avaient de l'or que le poids et la valeur.8 L. a; V) `8 [. _: v* r
Dans le troisième enfin, à demi plein, Edmond remua à poignée les diamants, les perles, les rubis, qui, cascade étincelante, faisaient, en retombant les uns sur les autres, le bruit de la grêle sur les vitres.
) ?5 g) Q! y$ {) q# j Après avoir touché, palpé, enfoncé ses mains frémissantes dans l'or et les pierreries, Edmond se releva et prit sa course à travers les cavernes avec la tremblante exaltation d'un homme qui touche à la folie. Il sauta sur un rocher d'où il pouvait découvrir la mer, et n'aper?ut rien ; il était seul, bien seul, avec ces richesses incalculables, inou?es, fabuleuses, qui lui appartenaient : seulement rêvait-il ou était-il éveillé ? faisait-il un songe fugitif ou étreignait-il corps à corps une réalité ?# ]' X2 w% r2 w7 ?- Y$ Z8 k6 S
Il avait besoin de revoir son or, et cependant il sentait qu'il n'aurait pas la force, en ce moment, d'en soutenir la vue. Un instant, il appuya ses deux mains sur le haut de sa tête, comme pour empêcher sa raison de s'enfuir ; puis il s'élan?a tout au travers de l'?le, sans suivre, non pas de chemin, il n'y en a pas dans l'?le de Monte-Cristo, mais de ligne arrêtée, faisant fuir les chèvres sauvages et effrayant les oiseaux de mer par ses cris et ses gesticulations. Puis, par un détour, il revint, doutant encore, se précipitant de la première grotte dans la seconde, et se retrouvant en face de cette mine d'or et de diamants.
# K# k% A! p) L0 V% O8 \" V. s Cette fois, il tomba à genoux, comprimant de ses deux mains convulsives son coeur bondissant, et murmurant une prière intelligible pour Dieu seul.
# v* l/ ^( X* x0 b) X( B Bient?t, il se sentit plus calme et partant plus heureux, car de cette heure seulement il commen?ait à croire à sa félicité.
8 }' u" v9 x4 O3 Q! o Il se mit alors à compter sa fortune ; il y avait mille lingots d'or de deux à trois livres chacun ; ensuite, il empila vingt-cinq mille écus d'or, pouvant valoir chacun quatre-vingts francs de notre monnaie actuelle, tous à l'effigie du pape Alexandre VI et de ses prédécesseurs, et il s'aper?ut que le compartiment n'était qu'à moitié vide ; enfin, il mesura dix fois la capacité de ses deux mains en perles, en pierreries, en diamants, dont beaucoup, montés par les meilleurs orfèvres de l'époque, offraient une valeur d'exécution remarquable, même à c?té de leur valeur intrinsèque. |