? Qu'est-ce que cette lumière ? demanda-t-il.
1 s, f( U& F X) o - Chut ! dit le patron, c'est un feu.
\5 [" `! {4 H - Mais vous disiez que l'?le était inhabitée !
9 ]9 z5 s& M+ q: y- ]; { - Je disais qu'elle n'avait pas de population fixe, mais j'ai dit aussi qu'elle est un lieu de relache pour les contrebandiers.$ ]; f/ e7 P" p6 r
- Et pour les pirates !- f( ]) B. q# H- O: x8 G
- Et pour les pirates, dit Gaetano répétant les paroles de Franz ; c'est pour cela que j'ai donné l'ordre de passer l'?le, car, ainsi que vous le voyez, le feu est derrière nous.0 G+ s; M( b& x% y* _/ g
- Mais ce feu, continua Franz, me semble plut?t un motif de sécurité que d'inquiétude ; des gens qui craindraient d'être vus n'auraient pas allumé ce feu.0 r( _* I4 l9 W" Z7 `! E6 z% Z) v! w
- Oh ! cela ne veut rien dire, dit Gaetano, si vous pouviez juger, au milieu de l'obscurité, de la position de l'?le, vous verriez que, placé comme il l'est, ce feu ne peut être aper?u ni de la c?te, ni de la Pianosa, mais seulement de la pleine mer.4 u. x/ {9 i s" k1 \ t4 v
- Ainsi vous craignez que ce feu ne nous annonce mauvaise compagnie ?( T% M! c; ^7 k0 g
- C'est ce dont il faudra s'assurer, reprit Gaetano, les yeux toujours fixés sur cette étoile terrestre.
9 I. x$ u% h7 [$ w9 w - Et comment s'en assurer ?
7 G& `' I& f5 k* E& H% P$ a - Vous allez voir. ?$ ~; A" ?5 \, }: j
A ces mots Gaetano tint conseil avec ses compagnons, et au bout de cinq minutes de discussion, on exécuta en silence une manoeuvre, à l'aide de laquelle, en un instant, on eut viré de bord ; alors on reprit la route qu'on venait de faire, et quelques secondes après ce changement de direction, le feu disparut, caché par quelque mouvement de terrain.
) m0 s5 P+ z' M Alors le pilote imprima par le gouvernail une nouvelle direction au petit batiment, qui se rapprocha visiblement de l'?le et qui bient?t ne s'en trouva plus éloigné que d'une cinquantaine de pas.
9 c9 J3 N+ ^3 l0 @' N. g Gaetano abattit la voile, et la barque resta stationnaire.! m F T" h M0 B( Y
Tout cela avait été fait dans le plus grand silence, et d'ailleurs, depuis le changement de route, pas une parole n'avait été prononcée à bord.
. W4 P# `$ k6 E, i8 M, W' l" r" p4 u Gaetano, qui avait proposé l'expédition, en avait pris toute la responsabilité sur lui. Les quatre matelots ne le quittaient pas des yeux, tout en préparant les avirons et en se tenant évidemment prêts à faire force de rames, ce qui, grace à l'obscurité, n'était pas difficile.
, I( W8 f: y& K: w( I Quant à Franz, il visitait ses armes avec ce sang-froid que nous lui connaissons ; il avait deux fusils à deux coups et une carabine, il les chargea, s'assura des batteries, et attendit.% T: ~2 K) N* H! d
Pendant ce temps, le patron avait jeté bas son caban et sa chemise, assuré son pantalon autour de ses reins, et, comme il était pieds nus, il n'avait eu ni souliers ni bas à défaire. Un fois dans ce costume, ou plut?t hors de son costume, il mit un doigt sur ses lèvres pour faire signe de garder le plus profond silence, et, se laissant couler dans la mer, il nagea vers le rivage avec tant de précaution qu'il était impossible d'entendre le moindre bruit. Seulement, au sillon phosphorescent que dégageaient ses mouvements, on pouvait suivre sa trace." H) S# [1 h8 c# c/ a
Bient?t, ce sillon même disparut : il était évident que Gaetano avait touché terre.( @& |' q( ~( Y5 |
Tout le monde sur le petit batiment resta immobile pendant une demi-heure, au bout de laquelle on vit repara?tre près du rivage et s'approcher de la barque le même sillon lumineux. Au bout d'un instant, et en deux brassées, Gaetano avait atteint la barque.; C2 i/ P- X" U6 k
? Eh bien ? firent ensemble Franz et les quatre matelots.: H8 t; h0 F" n ~ N0 y8 m4 ^
- Eh bien, dit-il, ce sont des contrebandiers espagnols ; ils ont seulement avec eux deux bandits corses.
( R' v/ h) e! N: |+ W - Et que font ces deux bandits corses avec des contrebandiers espagnols ?
8 ]$ o' A# c/ w7 v4 f F# j - Eh ! mon Dieu ! Excellence, reprit Gaetano d'un ton de profonde charité chrétienne, il faut bien s'aider les uns les autres. Souvent les bandits se trouvent un peu pressés sur terre par les gendarmes ou des carabiniers, eh bien, ils trouvent là une barque, et dans cette barque de bons gar?ons comme nous. Ils viennent nous demander l'hospitalité dans notre maison flottante. Le moyen de refuser secours à un pauvre diable qu'on poursuit ! Nous le recevons, et, pour plus grande sécurité, nous gagnons le large. Cela ne nous co?te rien et sauve la vie ou, tout au moins, la liberté à un de nos semblables qui, dans l'occasion, reconna?t le service que nous lui avons rendu en nous indiquant un bon endroit où nous puissions débarquer nos marchandises sans être dérangés par les curieux. |