Baise torride ? Pas vraiment Tout a commencé comme d’habitude, c’est-à-dire plutôt innocemment. Seule chez moi, je déjeunais sagement de crackers et de sardines quand j’ai été interrompue par la sonnerie du téléphone. Mon interlocuteur m’explique qu’un des rencontres exclusivement réservé aux couples, et qu’il en est revenu stupéfait. Complètement renversé. Il a vu de ses propres yeux des gens nus en train de copuler. Contrairement aux clubs sado-maso, où on ne va jamais jusqu’aux rapports, là, c’était torride, et en direct. La copine du type en question avait plutôt les boules... et pourtant, quand une autre femme nue l’a effleurée, ça ne lui a « pas déplu ». D’après lui.
+ g# G: \$ D$ s5 {# u' f& W En fait, le type s’était tellement entiché de ce club qu’il ne voulait pas que je fasse un article dessus, de peur que, comme tous les endroits bien de New York, il pâtisse de trop de publicité.
7 P+ S4 R& Z. c) {8 X1 A8 W Je me suis mise à imaginer toutes sortes de choses : de magnifiques jeunes couples au corps musclés. Des attouchements timides. Des filles aux longs cheveux blonds ondulés, couronnées de feuilles de vigne. Des garçon à la dentition parfaite ceints de pagnes de feuilles de vigne. Moi, vêtue d’une mini-robe style moi-Tarzan-toi-Jane, faite de feuilles entrelacées. Nous entrerions tout habillés et ressortirions frappés par l’illumination.! f% m- R+ q7 `+ U5 m7 ]
Le répondeur du club m’a ramenée durement à la réalité.4 \8 ~% \7 z6 e' ?
« Au Trapeze, il n’y a pas d’inconnus. Il n’a que des amis qui attendent que vous les découvriez », a fait une voix ni mâle ni femelle, en ajoutant que nous trouverions « un bar sans alcool et un buffet chaud et froid », autant de choses que je n’associe pas spontanément à la nudité ou à la baise. A l’occasion de Thanksgiving, une « soirée orientale » était organisée le 19 novembre. ça m’a paru intéressant, mais, en fait, la soirée n’avait d’oriental que la nourriture, pas les gens.9 d+ M! B' X ~& ?4 ~" T
J’aurais dû abandonner le projet à ce moment-là. Je n’aurais jamais dû prêter l’oreille aux histoires épouvantablement salaces de Sallie Tisdale, dont le livre porno pour jeunes cadres new-jorkais branchés, Talk Dirty to Me, vante les mérites des parties fines avec des inconnus : « Un tabou au sens propre du teme... Si les clubs porno se mettent à jouer le rôle pour lequel ils sont faits, alors il y aura des glissements. Oui, l’événement tant redouté, l’effritement des limites, se produira... La désintégration du centre des choses. » J’aurais dû me demander . Qu’est-ce que ça a de si amusant ?
% @% j" ^/ n+ }# V3 o9 L$ ? Mais il fallait que je me fasse ma propre opinion. C’est comme ça que, pour le même soir, un mercredi, deux rendeé-vous étaient inscrits dans mon agenda : 21 heures, dîner en l’honneur du couturier Karl Lagerfeld, Bowery Bar ; 23 h 30, Le Trapeze, 27e Rue Est.
. t9 s' k2 |$ ?* B6 | Femmes bordéliques et chaussettes montantes, q( n* b9 ?: B& w$ @4 f; o1 U
Apparemment, tout le monde aime parler cul ; le dîner Karl Lagerfeld, où se pressaient top models et rédacteurs de mode --- qui étaient là grâce à leurs frais de représentation --- , ne faisait pas exception. Je dirais même qu’enbout de table, où je me trouvais, c’était la folie. Une fille d’une beauté fracassante, une brune aux cheveux frisés, blasée comme seuls savent l’être les jeunes de vingt ans, prétendait aimer passer ses soirées dans les bars topless, mais seulement les bars « louches, comme le Billy’s Topless », parce que les filles y sont « authentiques ».& A. t: ?- A( r
# x, i- Z: E8 q$ |# Q% l7 H Ensuite, tout le monde s’est accordé pour dire que les petits seins, c’est mieux que les faux, et on a procédé à un sondage : qui, parmi les hommes de la tablée, avait déjà été avec une femme implantée ? Personne n’a osé répondre oui, mais un homme, un artiste d’environ trente-vingt ans, a nié avec moins de conviction que les autres. « Vous ! l’a accusé un autre convive, un hôtelier très en vogue avec une tête de chérubin. Et le pire, c’est que ça... vous... a... plu. |